L’extrait de parfum : le luxe ultime de la parfumerie
L’extrait de parfum est à la parfumerie ce que Joaillerie est à la bijouterie. Il s’agit de la plus noble des concentrations. Sélectionnées avec le plus grand soin, les matières premières qui le composent sont déclinées d’essences rares et d’absolus.
A la fois intimiste et enveloppant, ce concentré olfactif est façonné autour de tonalités ambrées, cuirées, chyprées, orientales ou boisées. A hauteur de 50% de concentration, ces notes constituent traditionnellement la dimension la plus profonde de la pyramide olfactive. Elles ont pour vocation de fixer l’ensemble de la création et d’en sublimer les accords épicés, gourmands ou floraux.
Une gestuelle à la sensualité exacerbée
L’extrait de parfum est avant tout une histoire d’émotions et d’alchimie. Il se pose à même la peau par de légers tapotements du doigt sur les points de pulsations que sont la nuque, l’intérieur des poignets et le creux du décolleté. Les puristes vont jusqu’à disperser quelques gouttes à l’arrière des genoux afin que le sillage se déploie à chacun de leur pas.
Outre cette gestuelle intime, tout est mis en œuvre pour exalter les sens au-delà du plaisir olfactif : depuis l’ouverture de l’écrin dans lequel l’élixir se conserve jalousement, jusqu’à la prise en main du flacon micromisé et facetté avec une minutie héritée d’un savoir-faire transmis de génération en génération.
Celle qui déliera la barbiche de soie, comme les fils d’or ou d’argent savamment tissés à la main pour sceller le flacon précieux, ne pourra se sentir qu’exceptionnelle.
Un peu d’histoire
Depuis les prémices de la parfumerie moderne (à la fin du 19ème siècle) jusque dans les années 1950, cette concentration était presque omniprésente. Il s’agissait de la création initiale du Maître-Parfumeur. Le Parfum se portait alors de préférence le soir en touche finale à la mise en beauté des dames. Les déclinaisons destinées à la toilette matinale (eaux de toilette, eaux de Cologne et eaux fraîches) étaient quant à elles confiées aux assistants de laboratoire. Leur élaboration se basait à partir de la formule originale.
Courant des années 70, les maisons de parfum se sont appliquées au développement de nouvelles concentrations. C’est ainsi qu’est née l’eau de parfum pour contourner la nouvelle taxation appliquée sur les extraits.
Un engouement pour l’authenticité
Cependant, les extraits de parfums connaissent aujourd’hui une résurgence grâce à notre nouvel attrait pour l’exception et la singularité.
Pour répondre à cet engouement, les grandes maisons réinventent leurs succès récents en apportant une dimension nouvelle, plus charnelle, à leurs jus. Ainsi La Petite Robe Noire se drape de velours sublimée de patchouli et de thé noir. L’incontournable J’adore de Dior se fait aussi capiteux que lumineux en composant un bouquet d’absolus de roses et de fleurs blanches cueillies à la main.
De plus, cette appétence pour l’authenticité ranime notre engouement pour les grands noms d’hier. Nous apprivoisons à nouveau Jicky de Guerlain ou Miss Dior dont l’élégance chyprée et racée reste indémodable, ou encore le sulfureux Poison.
On se souvient aussi du phénomène sans précédent que Shalimar avait suscité à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, près de 20 ans après sa création : les GI faisant la queue pour ramener à leur dulcinée ce précieux élixir de France, considéré encore à l’heure actuelle comme « le parfum le plus sexy au monde » par bon nombre de ces messieurs !
Modernes ou intemporels, les extraits se portent aujourd’hui comme une pierre fine, avant tout par hédonisme personnel. Mais ne nous y trompons pas ! Leur pouvoir de séduction débute dès les premiers instants du parfumage pour nous faire adopter d’instinct une gestuelle ultra-féminine. Car, oui, voluptueux ou romantique, le parfum offre une « version » sublimée de soi.
Ainsi, n’ayez pas peur de vous laisser tenter ! L’extrait reste l’écriture la plus noble du parfum. Nombreuses de ces créations sont considérées comme des œuvres d’art au même titre que les « grands nez » sont des artistes à part entière. Alors pourquoi ne pas se les approprier ?
